Les origines du Xoloïtzcuintle


Rare

Le xoloïtzcuintle l'est.

Il a été et reste toujours à la limite de l'extinction. C'est un fait qui préoccupe le CCCE, mais aussi la société canine du Mexique qui accepte très largement les inscriptions à titre initial à son livre des origines, dans l'espoir d'obtenir de nombreuses lignées de sang différentes.

Aperçu historique

Comme pour bien des races l'origine exacte du Xolo est incertaine. Le nom XOLOITZCUINTLE provient du langage aztèque "Nahuati" et est composé en fait de deux mots. XOLOTL : dieu aztèque et ITZCUINTLI - chien. Les deux mots accolés sont traduits par "chien du dieu Xolotl" et aussi, au vu de la spécialisation du dieu Xolotl "chien qui conduit l'âme des morts vers le pays des esprits".

Dans la région mexicaine de Colima, les Indiens enterraient leurs morts avec une statuette de xolo pour les guider dans le voyage vers ce paradis. D'où la référence fréquente au "chien de Colima". Ces statuettes sont aujourd'hui détenues par de nombreux collectionneurs.

Pendant longtemps il avait semblé acquis que les chiens ont été introduits en Amérique Latine par les premiers colons Espagnols.

Cette thèse est démentie justement par les statuettes de Colima.

Un des premiers missionnaires jésuites débarqués au Mexique, le père Sahagun nous a laissé des documents écrits sur les chiens qu'il y a découverts :

« Ici les chiens sont appelés Chichi, Itzcuintli, Xochiocoyoti, et Tetlamin. Il y en a de diverses couleurs : des noirs, des blancs des gris, des multicolores. Des grands et des très petits. Ces chiens ont tous de grandes dents aiguisées mais sont le plus souvent bien domestiqués et suivent leurs maîtres partout. Ils se nourrissent de pain, de mais, de viande crue ou cuite mais aussi de charognes. Il y a des Indiens qui élèvent des chiens qu'ils appellent Xoloitzcuintli sans poils du tout. Ils ne sont sûrement pas nés ainsi, mais doivent perdre leur poil par l'action de la résine dont leurs maîtres enduisent leur corps. Les Indiens élèvent et engraissent d'autres chiens appelés tlalchihi qui sont courts sur pattes et qui sont excellents à manger. »

Il est généralement admis que les chiens sont arrivés en Amérique avec les premières populations qui ont traversé le détroit de Behring. Le xolo serait ainsi le descendant du chien de Mandchourie, le Tai-Tai, aujourd'hui appelé Chinese Crested Dog et qui existe en Chine depuis bien longtemps. Ceci n'explique pas le fait qu'un crâne de xolo ait été trouvé au Mexique et qu'il a été daté entre 1000 et 1300 av. J.C. alors que les plus anciens ossements de Tai-Tai n'excèdent guère mille ans. Cette dernière découverte tendrait à prouver que le xolo est l'une des plus anciennes races de chiens, plusieurs fois millénaire sans avoir subi de modifications notables.

La nudité

C'est la principale caractéristique de la race et elle est indubitablement génétique. Quand et comment est intervenue la mutation, on l'ignore. La thèse que l'absence de poils soit due à un gène dominant semi-léthal est généralement admise. Qu'est-ce que cela veut dire ? Chaque individu, pour un caractère physique donné, est porteur de 2 gènes, l'un issu du père et l'autre issu de la mère. L'aspect (phénotype) sera déterminé par le gène dominant.

Si, pour simplifier nous nommons le gène récessif porteur de poil petit p et le gène dominant induisant la nudité grand N, et que l'on admette la semi-léthalité de celui-ci, tous les xolos vivants ont la signature génétique Np et sont donc hétérozygotes.

En effet les homozygotes pp sont des chiens poilus et les homozygotes NN ne se rencontrent pas cars ils meurent soit à l'état embryonnaire soit à la naissance ou peu après.

Mais cela veut dire aussi qu'il est impossible en mariant deux xolos nus de n'avoir que des chiots sans poil car, obligatoirement et statistiquement deux xolos adultes produisent dans 25 % de cas des homozygotes pp qui ont du poil, dans 25 % des cas des homozygotes NN qui ne sont pas viables et dans 50 % des cas des hétérozygotes Np viables et nus.

Ne pas reconnaître comme appartenant à la race les xolos poilus est une absurdité administrative. Inciter les éleveurs à les euthanasier est délicat et suicidaire pour la race.

Accepter les "poilus" et les faire reproduire entre eux (tous leurs chiots seront poilus) c'est se priver de la principale caractéristique de la race : la nudité.

Il est également vrai que tout xolo croisé avec une autre race à poil produira statistiquement et obligatoirement 50 % de chiots nus.

Ce dernier point, associé à la rareté du xolo a certainement été à l'origine de son croisement avec d'autres races et les individus nus restent porteurs (génotype) du gène p non extériorisé caractérisant la nature du poil, long, court, dur, bouclé, etc. de l'intrus.

Notre souhait de reconnaissance officielle du xolo poilu se heurtera au délicat problème de savoir déterminer de quelle nature devra être son poil.

Vivre avec un xolo

La peau du xolo doit être douce et lisse. Elle se dessèche facilement et a besoin d'être protégée par des crèmes et des lotions, tout particulièrement après un bain. Elle est aussi sensible que la nôtre aux coups de soleil et les brûlures peuvent être très graves. Là encore la prudence et la protection sont de rigueur. La fourrure protège le chien contre les coups et surtout contre les griffures et les écorchures. Ce n'est pas le cas du xolo qui de ce fait se blesse facilement car il a le même comportement vif et insouciant de ses congénères.

Ses oreilles sont tout aussi délicates et fines. Leur port érigé nécessite l'utilisation pendant de longues semaines de bandages et autres bonnets.

La dentition déterminée par les mêmes gènes que ceux qui régissent la pousse du poil n'est jamais complète.

Contrairement à la légende, sa température corporelle est identique à celle des autres chiens (38°-39°) et le sentiment que le xolo est plus chaud est dû au contact direct de notre main avec sa peau, sans l'effet isolant de la fourrure.

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obre 2003