Éducation : 4 règles d'or


ÉDUCATION

Laissons d'abord parler une chienne, qui se prend pour une star et que les membres de notre club connaissent bien : BULLE.

"Avant de lire tous les conseils et tous les trucs et avant toute tentative de nous éduquer, vous devez vous efforcer de nous comprendre. Il faut que "vous raisonniez en chien" car nous sommes incapables de "raisonner en humain". Notre raisonnement est simple, direct, sans détour et d'une logique imparable pour que nous puissions comprendre le votre.

Vous devez découvrir et savoir comment fonctionne notre cerveau. Si vous tenez pas compte de cela, vous raterez léducation de votre petite merveille.

Nous avons trois pulsions vitales, dans l'ordre d'importance :

  • l'instinct de survie
  • l'instinct de reproduction
  • l'instinct de meute.

Vous ne pouvez guère (ou très peu) utiliser les deux premières, il faut que vous travailliez avec la troisième. L'instinct de meute implique la soumission du chef. Dans ce cadre le chien tente en permanence de "plaire au chef", en fait d'adopter un comportement envers le chef qui, en retour aura une attitude tolérante, donc plaisante à son égard. Tout comme vous, le chien cherche en permanence son bonheur et son plaisir et fuit les situations qui lui apportent le contraire. C'est ce que vous avez traduit par : il veut à tout prix faire plaisir à son maître"

Par contre nous sommes très exigeants sur les qualités du chef. Il doit être juste, tolérant, protecteur, intrépide, bref nous devons être sûrs de toujours pouvoir compter sur lui. C'est pourquoi je suis La Chef des chiens, mais j'accepte d'assez bonne grâce que mon maître soit le chef suprême de toute la maison. "

LES QUATRE RÈGLES D'OR :

Combien ne voyons nous pas de maîtres de chiens se bagarrer avec leurs animaux, véritables petites teignes qui leur empoisonnent parfois la vie. Quand cela ne va pas jusqu'au drame de chiens fugueurs, mordeurs, etc, et qui mènent quelques-uns vers l'euthanasie ou l'abandon. Or dans 99, 9% des cas cet état de fait est dû à la mauvaise éducation dont le maître est le seul fautif. Ignorance, fausses idées reçues, assimilation du raisonnement du chien au raisonnement humain sont les ennemis d'une bonne éducation de votre toutou.Si vous aspirez au vrai bonheur avec votre petit compagnon, il faut qu'il soit parfaitement eduqué et parfaitement inséré dans la communauté humaine et pour celà il y a quatre règles d'or à respecter :

HIÈRARCHIE.

Établissez la et respectez la en toute circonstance. Comme tous les canidés et en particulier comme le loup dont il descend en ligne directe, le chien est un animal social. Il est "programmé" et dans la nature il ne survit qu'en groupe. Dans la nature donc le groupe (ou meute) est extrêmement bien structuré et hierarchisé. Cette hierarchie est constamment réaffirmée par une série de comportements et de mimiques auxuelles les individus consacrent beaucoup de temps et qu'il vous faut savoir interpréter. Sans cette hierarchie ou dans un cadre hierarchique flou ou inconstant votre chien perd ses repères et devient incontrolable.

Par ailleurs "l'ascension sociale" à l'intérieur de la meute (votre famille est la meute de votre chien) n'est réservée qu'à quelques individus prédestinés et dominants, mais seulement après un long apprentissage des us et coutumes qui la régissent.

Il est indispensable que dès l'arrivée du chiot dans sa nouvelle famille vous lui fassiez comprendre que vous en êtes le chef at qu'il y a toute une série de règles à respecter. Cela n'empêche en rien tous les câlins et tous les signes d'affection que vous pouvez lui témoigner et dont il a besoin. Venant du chef elles n'en prennent que plus de valeur. Cela n'empêche en rien qu'à l'instar des adultes d'une meute sauvage, vous soyiez très patient a l'égard des tout petits bébés. Et n'oubliez jamais qu'à 2/3 mois votre chiot est un tout petit bébé.

Votre chiot comprendra très vite que dans sa nouvelle famille il y a Le Chef (vous), la compagne ou le compagnon du chef (le chef pouvant être votre épouse, les chiens ne sont pas sexistes et une femelle peut parfaitement être chef de meute, n'est-ce pas Bulle ?). Il peut y avoir éventuellement des enfants du couple dominant qui sont à peine au dessus de son propre niveau. Quand le chiot aura compris que dans cette nouvelle meute il a tout à fait sa place, y compris son propre petit chez-lui (une couverture, un panier, etc) ou on le laisse tranquille quoi qu'il arrive, l'éducation (l'apprentissage du fonctionnement ordonné de la meute) pourra commencer.

LE PRÉSENT.

Le chiot qui arrive chez vous a déjà des rudiments d'éducation. Sa mère lui a déjà appris qu'il fallait toujours garder une niche parfaitement propre. Elle a scrupuleusement nettoyé tous ses excréments pendant les premières semaines de sa vie. Probablement au dela de toute considération hygiénique, mais pour dissimuler toute odeur qui pourrait alerter un prédateur potentiel. Ensuite, dès l'apparition de ses premières dents sa mère et ses frères et soeurs lui ont appris à contrôler l'intensité de sa morsure. On pouvait jouer, certes, mais si on mordait trop fort, on était immédiatement sanctionné.Action = réaction ; action exagérée = réaction appropriée.Ce sont les deux premières inhibitions ou leçons qu'il a reçues. L'éleveur lui a peut-être déjà inculqué d'autres notions, telles que la propreté, mais c'est fonction de l'âge du chiot.

Tout nous prouve que le chien ne raisonne qu'au présent en ce qui concerne l'apprentissage. Plus tard, lorsqu'il sera un vieux briscard, vous pourrez compter sur sa mémoire.Les quelques exemples qui suivent illustrent parfaitement les erreurs que l'on comet le plus souvent :

Si, lorsque vous rentrez chez vous, votre jeune chien a fait une bêtise, disons qu'il a posé culotte, vous le grondez ou pire vous le frappez en lui mettant le musesu dans son caca (humiliation gratuite car incompréhensible pour lui), que comprend-il ? Tout simplement "lorsqu'Il rentre, il me dispute" et la prochaine fois qu'il se retrouvera seul il va redouter avec angoisse votre retour et, tout comme nous, dans l'angoisse, il va commettre encore plus de bêtises.

Lorsque à l'extérieur il s'échappe et que vous essayez de le rattrapper, il va d'emblée croire que c'est un jeu : il l'a pratiqué avec ses frères et soeurs et c'était d'ailleurs leur jeu favori… et à ce jeu là, vous ne faites pas le poids, vous ne le rattraperez pas. Si lorsque le jeu a cessé et qu'il revient enfin vers vous vous le grondez ou vous le frappez, il ne saura pas que c'est parce qu'il s'est sauvé… Non, il comprendra seulement "lorsque je reviens Il me dispute". Et la prochaine fois il reviendra encore plus difficilement.

Donc lorsqu'il se sauve, soit vous êtes capable de le rattraper (même un entraînement de rugbyman risque de ne pas suffire) et là, rattrapé et "attrapé sur le fait" vous pourrez le gronder et le punir. Soit vous raisonnez en chien et vous partez dans l'autre sens et ce sera à lui de vous rattraper. Et lorsqu'il l'aura fait et donc lorsqu'il sera revenu, vous lui ferez la fête. Il comprendra "lorsque je reviens Il me fait la fête" et reviendra toujours volontiers. Toutefois cela n'est pas suffisant, car dans ce cas précis vous aurez obtenu qu'après être parti un certain temps il revienne volontiers. Vous n'avez toujours pas obtenu le moyen de l'empêcher de partir. Or les tentations de partir en courant sont nombreuses dans la vie de tous les jours : se défouler, chasser un pigeon, courser un chat, aller jouer avec un autre chien… Il faudra obtenir plus, à savoir le rappel.

LA SANCTION POSITIVE.

L'une des principales motivations de votre chien est de vous faire plaisir (plaire au chef) car il en découle toujours du plaisir pour lui (un seul "c'est bien mon garçon" dit d'une voix agréable le transportera de joie). Si, au moment où votre chien commet un acte quelconque, vous le félicitez et vous le récompensez, il comprend immédiatement que cet acte vous fait plaisir, ce qu'il en découle, et il essaiera de le répéter le plus souvent possible. Son action a entraîné une réaction qu'il a comprise et il l'a assimilé.

L'inverse n'est pas souvent pas vrai. Si vous le grondez lorsqu'il fait pipi sur votre moquette que peut-il comprendre : "Je n'ai pas le droit de faire pipi sur la moquette" ? Päs sûr car la moquette n'est pas un facteur significatif pour lui. Non, ce qui est significatif pour lui c'est votre présence et il risque de comprendre "en sa présence il ne veut pas que je fasse pipi". Il continuera donc a honorer votre moquette, mais en cachette. Par contre vous pourrez le promener à l'extérieur pendant des heures, il refusera de se soulager en votre présence. C'est l'exemple même d'une mauvaise compréhension d'un mauvais apprentissage qu'il est très difficile de corriger.

Le pire qu'il puisse arriver c'est que votre chien ne comprenne rien à votre punition, "parfois il me gronde ou il me frappe sans raison" (le pipi étant une fonction naturelle que sa mère a mis des mois à stimuler en le léchant, donc en le câlinant). Vous devenez quelqu'un qui a une réaction motivée par aucune action, donc un individu bizarre, aux réactions inprévisibles, en qui l'on ne peut avoir confiance.

Sanction positive = apprentissage immédiat et correct

Sanction négative = risque de mauvaise interprétation, d'apprentissage à l'envers ou d'incompréhension totale.

LA CONSTANCE.

Le chien est un animal qui fonctionne avec logique, routine et conformément aux règles établies (habitudes). Toute nouveauté qui boulverse ce qui est établi le perturbe profondément. Il fonctionne dans des limites précises et définies dans la meute et dont le chef est le garant. Lorsque il tente de s'écarter de ces limites, le chef ou d'autres congénères le sanctionnent dès qu'il dépasse les bornes. Si vous lui fixez des bornes floues ou si vous admettez que parfois il les dépasse sans réaction de votre part, il sera tenté de les dépasser en permanence. Son rôle à lui étant justement de repousser au maximum ces limites pour se tailler l'espace vital le plus grand possible. Il n'acceptera pas facilement qu'on revienne sur ce qu'il a conquis. J'ai l'habitude de dire que les chiens ont des comportement de syndiqués. Ils n'admettent pas sans lutter que l'on revienne sur les avantages acquis.

Si lorsque vous mangez à table votre chien réclame et mendie sa part et qu'après avoir dit non à plusieurs reprises vous finissez par ceder en lui donnant quelque chose, vous pensez bien que le "non", il va désormais s'assoir dessus. Il faudra que vous haussiez le ton, que vous hurliez "non" pour qu'il cesse son cirque. Il comprendra donc que quand vous dites non, tant que vous ne hurlez pas, ça ne porte pas à conséquence et si un jour votre voix faiblit ou que vous avez une extinction de voix…? Lorsque vous aurez dit non, d'un ton ferme, mais sans hausser la voix, il faudra que ce soit définitif sans jamais y déroger. Sinon, convaincu que vos réactions sont indécises, il tentera en permanence de dépasser les bornes en remettant sans cesse en cause tout ce que vous avez mis des semaines à lui apprendre. Sans compter que pour être un chef de meute, il faut avoir un caractère solide et à toute épreuve. C'est l'exigennce des autres membres qui donnent en échange leur confiance. Si le chef n'a pas ce caractère en acier trempé, il ne le sera pas longtemps. Vos faiblesses donc "mettent en danger" votre place dans la meute !

A ces quatre règles l'on ajoute impérativement une cinquième lorsqu'il s'agit de grands chiens et on la néglige à tort pour les petits. En effet son inobservation est dramatique dans ces grandes races et peut prêter à sourire dans les petites, voire… Il se peut que votre chien ait une âme de dominant et qu'un jour il tente de prendre votre place de chef. C'est la règle dans la nature et un chef vieilli ou surtout amoindri par la maladie ou par un accident est vite détroné. C'est alors un évenement capital pour la meute, qui boulverse le statu quo et qui peut déboucher sur une période de troubles plus ou moins longue. Les inhibitions tombent, les bagarres éclatent, les morsures peuvent être très graves. Si votre chien prend la place de chef à votre détriment (et la taille peut jouer un rôle secondaire), finie l'obeissance. Désormais il mettra toute son énergie à défendre sa place et n'hésitera pas à grogner, voir mordre si c'est nécessaire.

Comment vous en apercevrez-vous ? Comme dans une meute de loups où les lieutenants tentent parfois de tester le chef prêts à faire preuve d'une extrême soumission s'il réagit de façon habituelle, mais tout aussi prêts à le déposséder de ses prérogatives si psychiquement il ne fait plus le poids, votre chien peut tenter d'agir de même. Vous savez qu'il s'exprime en permanence par ses mimiques, ses postures et sa voix. Il peut grogner ou aboyer. De joie, de peur, pour réclamer quelque chose ou pour vous inviter au jeu. Ou il peut grogner et aboyer avec agressivité et son attitude sera sans équivoque et vous ne vous y tromperez pas. Réagissez immédiatement et même avec brutalité. Grondez-le, attrapez-le à deux mains par la peau du cou des deux côtés des babines et secouez-le. Renversez-le ensuite sur le dos et maintenez-le ainsi jusqu'au moment où il vous fera comprendre qu'il abdique. Puis ignorez-le pendant un bon moment. Il aura tenté, vous l'aurez remis à sa place et il y a de fortes chances pour que le problème soit réglé une fois pour toutes. Si vous ne faites rien et que vous laissez passer cet incident avec un dobermann, c'est très grave. Le jour où vous voudrez le faire descendre de votre lit, il vous montrera toutes ses dents et si vous insistez il vous mordra car la place de chef se défend par tous moyens et votre lit est la niche centrale de la meute, son trône.

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© 1997-2004 CCCE • Écrire au Club • 15 janvier 2000